Rheon Medical révolutionne le traitement chirurgical du glaucome
Le glaucome est l’une des principales causes de cécité et touche plus de 75 millions de personnes dans le monde. «Il est le plus souvent dû à une augmentation de la pression intraoculaire (PIO), qui peut entraîner des lésions du nerf optique et, en l’absence de traitement, une perte de la vision», explique Nikos Stergiopulos, fondateur et directeur général de Rheon Medical, et directeur du Laboratoire d’hémodynamique et de technologie cardiovasculaire de l’EPFL.
Il y a 30 ans, son père a perdu la vision d’un œil à cause du glaucome et son œil sain a également été touché par cette maladie. À l’époque, il supervisait un doctorant qui était ophtalmologue. «Je lui ai parlé des différentes thérapies possibles et j’ai compris que la maladie se traite d’abord avec des gouttes», explique-t-il. «Cependant, à un certain stade, les médicaments ne suffisent plus et une intervention chirurgicale est nécessaire pour faire baisser la PIO à l’aide de dispositifs de drainage du glaucome, appelés shunts aqueux.»
Le problème de ces shunts est qu’ils présentent des complications et entraînent souvent des échecs chirurgicaux, dont la majeure partie peut être attribuée à l’absence de contrôle de la PIO. «Nous discutions de la nécessité de trouver un moyen de contrôler le débit du fluide dans ces tubes et, au cours d’un week-end, j’ai trouvé une solution», se souvient Nikos Stergiopulos. «L’idée la plus simple que j’ai eue, en tant que spécialiste de la mécanique des fluides et des dispositifs médicaux, était d’utiliser un disque magnétique que l’on pourrait faire tourner de manière non invasive pour modifier la résistance du fluide.»
Une avancée majeure
Avec son idée, Nikos Stergiopulos a soumis une déclaration d’invention à l’Office de transfert de technologies (TTO) de l’EPFL et une demande de brevet a été déposée par l’EPFL. Les premiers prototypes ont été mis au point dans son laboratoire. «Nous avons pu constater qu’il était possible de fabriquer un dispositif minuscule et incurvé d’une épaisseur de 0,7 millimètre.» Une avancée majeure nommée l'eyeWatch.
Une fois l’eyeWatch implanté, la pression intraoculaire du patient peut être facilement surveillée et corrigée par de simples ajustements externes lors de contrôles de routine. «L’élément clé de ce système non invasif d’ajustement de la pression, le premier du monde, pour traiter le glaucome est sa plaque magnétique rotative», explique-t-il.
Après des recherches précliniques concluantes, la société Rheon Medical a été créée le 24 mars 2010. Rheon Medical a obtenu une licence du brevet de l’EPFL — des brevets ont depuis été accordés par l’Office européen des brevets et par des bureaux aux États-Unis, en Chine et au Japon — afin de lever des fonds et de réaliser les essais cliniques nécessaires à l’approbation du marché.
Plus de 250 patients traités avec succès
Depuis, la réussite de Rheon Medical ne cesse de croître. Après avoir obtenu l’autorisation réglementaire (marquage CE) en Europe pour sa technologie en 2019, l’entreprise basée à l’EPFL Innovation Park a reçu le prix Swiss Medtech 2020 et a bouclé un tour de financement de série C de 5,6 millions de francs suisses en décembre 2020. En mai 2021, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a accordé la désignation de dispositif révolutionnaire à l’eyeWatch. «Cela marque une étape importante dans notre stratégie visant à introduire notre dispositif de drainage du glaucome sur le marché américain, le plus important au monde», déclare Nikos Stergiopulos.
Aujourd’hui, le dispositif eyeWatch a été appliqué avec succès sur plus de 250 patients dans toute l’Europe et le nombre de centres médicaux utilisant la technologie Rheon Medical est en augmentation. «Nous avons récemment ouvert des centres en Italie, en Allemagne, en Espagne ainsi qu’au Royaume-Uni. Nous avons également signé des accords de distribution avec les Émirats arabes, la Turquie, la Grèce, Israël et Hong Kong», annonce-t-il. «D’ici la fin de l’année, nous prévoyons d’avoir une quinzaine de centres utilisant notre technologie dans le monde et espérons commencer les essais cliniques aux États-Unis début 2022.»